L’annonce de la disparition des abeilles domestiques a eu le mérite d’attirer l’attention sur le sort des autres insectes pollinisateurs dont l’abeille charpentière et l’osmie.
Les abeilles sauvages tout comme les moineaux, les hirondelles ou les chauves-souris sont victimes des progrès techniques des maisons des hommes. Impossible de se loger en ville dans lesquelles les poutres sont traitées avec des insecticides puissants et durables, et où les accès sous les tuiles et aux greniers sont barricadés. Guère de possibilités non plus en campagne où la conception des exploitations agricoles n’a plus rien à voir avec les anciennes fermes, les normes d’hygiène et la rentabilité étant passées par là. Par ailleurs chauffage au fuel et chauffage électrique ont entraîné la raréfaction des tas de bois.
Faute de logement, pas de reproduction et si moins d’abeilles sauvages, moins de pollinisation.
Heureusement les consciences ont changé, le citadin peut acheter des nichoirs pour toutes sortes d’oiseaux, des maisons pour les chauves-souris ou des abris pour les insectes. Des associations de toutes tailles ainsi que de nombreux blogs d’amis de la nature proposent en plus des conseils et la réalisation de divers bricolages pour aider ces abeilles sauvages.
Enfin l’ONF allie préservation de la nature, étude scientifique, pédagogie et communication en installant fin juillet 2009, des « hôtels de charme pour les abeilles forestières» en région parisienne, dans les forêts domaines des Yvelines http://www.onf.fr/@@display_event.html?oid=IN0000000d6c .
La crise du logement est terminée pour les abeilles sauvages, elles vont pouvoir continuer à exprimer toutes leurs compétences en matière de pollinisation.
Provence, 22 février 2008, accouplement d’abeilles charpentières
L’abeille charpentière (xylocopa violacea) est un insecte spectaculaire par sa taille, sa couleur, la vitesse et le bruit de son vol. Seule la femelle est équipée d’un dard, heureusement elle a trop à faire pour penser à s’en servir. C’est elle qui cherche un vieux bois pour y creuser des galeries à la seule force de ses mandibules et sans en tirer nourriture, les copeaux sont rejetés au pied du trou qui servira d’abri aux larves. Ensuite, elle visitera des milliers de fleurs pour se nourrir et ramener nectar et pollen qu’elle entassera dans chaque cellule de ponte. Une abeille solitaire, qui fait tout, toute seule, même s’il arrive qu’elle partage une poutre ou un « hôtel de charme » avec d’autres abeilles charpentières et quelques osmies.
Xylocopa violocea en vol, Chamonix 21 août 2009, par l’odeur alléchée.
L’abeille charpentière profite du développement des jachères apicoles en campagne, du choix des fauchages tardifs (ou raisonnés) des bords de route, de l’engouement des particuliers comme des municipalités pour les plantes mellifères.
Aucun obstacle ne semble pouvoir arrêter cette récolteuse de pollen et de nectar, suréquipée et infatigable.
Il est temps d’un retour au nid. Il plane comme un mauvais présage.
abeilles du soir peu d'espoir
Saint-Cloud (92), 26 juillet 2009, 19h10 en banlieue parisienne, dans un jardin sans insecticide
Provence, Pays de Savoie ou Paris Ile de France, partout les mêmes scènes. Pleines de vigueur, par l’odeur alléchées, les butineuses se rendent de bon cœur à leur travail. Au fil de la journée, la lumière devient de plus en plus diffuse, le courage supplante le stress, le butinage continue. Tôt au tard, aujourd’hui ou demain, la fatigue l’emporte, une de plus en moins. Quelle importance ? Les avions ne ramèneront-ils pas immédiatement du miel délicieusement exotique de l’autre bout du monde ? Bien sûr, mais la terre est ronde !!!
Il n’y a pas que les abeilles ou les coccinelles qui tombent comme des mouches, les hommes aussi sont devenus vulnérables. Accidentologie : un nouvel éclairage
Une abeille égarée dans la lumière éclipsée ne rentre pas à la ruche.
La reine continuera à pondre, jusqu’à l’épuisement et dans l'immédiat, les fleurs continueront à être visitées.
Osmie stoppée éblouie sous un voile d’aviocirrus.
Abeille charpentière le dos meurtri, sur le béton, au pied de sa poutre.
Une abeille solitaire meurt, aussitôt la pollinisation et la ponte s’arrêtent avec elle.