Plus de rage, plus de carnage,
Le frelon est mort par terre.
(sur l’air de « Le lion est mort » de Henri Salvador).
22 avril 2008, 13h22 Albertville
Par cette belle journée de printemps, durant laquelle, comme le paraphrasent de plus en plus souvent les commentateurs météo, « la sensation de beau temps dominera ou sera peu altérée », dame frelon mourut écrabouillée, le soleil blanc continuant de briller sur son abdomen et les restes de ses yeux. Aucune mouche sur ce cadavre.
Albertville, rue Gambetta, à quelques mètres de l’intersection, en priorité à droite, avec la rue de la République. La lumière diffuse du soleil blanc se reflète sur la poubelle, les quilles de rue. Les différences entre l’ombre et la lumière sont estompées.
Dame frelon, de race locale, inspectait les avant-toits à la recherche d’un endroit propice à l’édification de son nid. Eblouie par le soleil blanc, elle se laissa descendre jusqu’au sol, plus ou moins en planant, comme les guêpes de Camargue le 15 avril dernier (cf. photos vers la fin de l’article La DGAC favorise la météo de cloporte de ces vacances de printemps ). Fort occupée à se frotter les yeux avec pattes et antennes elle ne fit aucun geste pour éviter la voiture qui approchait pourtant très prudemment de l’intersection. Et la voiture l’écrasa. Ce qui peut aussi nous arriver pour la même raison. « Au volant la vue c’est la vie », à pied, en vélo, en l’air,… aussi
Nombre d’insectes, pollinisateurs ou non, contraints d’atterrir en catastrophe, meurent ainsi au sol, écrasés, mangés ou tout simplement épuisés (abeilles, une de plus en moins, 6 minutes pour disparaître ). Les frelons asiatiques devraient bientôt connaître le même sort à moins qu’ils n’aient trouvé le petit coin de paradis terrestre où le ciel n’est pas encore saturé par trop d’avions.
Si rien n’est rapidement fait pour réduire immédiatement le nombre d’avions simultanément en vol, la petite ritournelle peut se chanter dès à présent :
+ de rage, + de carnage,
Le frelon est mort par terre.
Vivent les abeilles !!!
Un duel sans merci, une course à la vie sont engagés entre soleil blanc et profusion de fleurs mellifères.
Les villes sont de plus en plus diversement fleuries.
Les syndicats apicoles, UNAF en tête, des associations écologistes se démènent pour que soit supprimé l’emploi des pesticides en ville, pour que soient généralisées les jachères mellifères. Les conseils généraux jouent le jeu en fauchant moins souvent le bord des départementales. Des ruches sont installées sur des bâtiments publics, dans des parcs et même au musée de l’air.
Partout l’humidité du trop d’avion blanchit le ciel, ramollit les feuilles, atténue, diffuse et altère la lumière. Les fleurs s’ouvrent plus tard le matin, se referment plus tôt le soir. Tout luit étrangement.
Abeille et mouche ont été attirées par la luisance de ces tulipes comme le moucheron par un lampadaire.
Il en résulte du temps perdu pour butiner ou se délecter des crottes de chien ou cadavre de frelon.
Une abeille par ci…
Une abeille par là …
Butineuse citadine volontaire…
mais pas infatigable !!! Parviendra-t-elle à retourner jusqu’à sa ruche mieux que sa cousine campagnarde?
Un bourdonnement d’abeille, buzz d’Albert Einstein, rien n’est établi
Les abeilles en ville
Nourriture, tranquillité des ruches, écarts de température plus modérés, suivi sanitaire assuré, tout est fait pour que les abeilles se sentent bien en ville.
De plus elles n'ont pas de grandes étendues monotones à traverser en se guidant uniquement au soleil, les fleurs sont relativement proches de la ruche et les immeubles, jusqu'à un certain point, servent de balises comme les piquets d'un bord de piste guident le skieur par jour blanc.
Mais si le dallage, le goudron ou même les brins d'herbe de la pelouse deviennent trop brillants au soleil blanc, les abeilles perdront la notion du haut et du bas et auront le même problème que les abeilles qui, emportées par la vitesse de leur vol, se retrouvent au-dessus d'une piscine ou d'un névé. "Je veux rentrer!", hurle l'abeille qui disparait.